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Pourquoi les médecins s’accordent pour dire que l'hydroxychloroquine ne marche pas


Publié
Révisé
August 24, 2020
Il y a 4 années

La très grande majorité des médecins s’accordent aujourd’hui pour dire que l'hydroxychloroquine (HCQ) ne marche pas pour la simple et bonne raison que de très nombreuses études montrent son inefficacité et qu'aucune étude de qualité ne montre son efficacité.

La pyramide de valeur des études

Tout en haut de la pyramide de valeur des études, il y a les essais randomisés de grande ampleur.

Les RCTs sur l'HCQ

3 essais cliniques randomisés (RCT) sur l’HCQ pour le Covid-19 ont été effectués : 1 publié et 2 partagés via communiqué presse auxquels s'ajoutent 2 méta-analyses solides (analyses combinées).

1er essai. Cet essai a été fait par David Boulware et ses collègues en prophylaxie (en prévention de l'infection après exposition à risque) chez 821 patients : autant de patients ont été contaminés par le Covid-19 avec l'HCQ qu'avec un placebo, mais plus d'effets indésirables ont été observés avec l'HCQ (40% HCQ vs 17% Placebo).

Conclusion très claire des auteurs "après une exposition à risque élevé ou à risque modéré de Covid-19, l'HCQ n'a pas empêché une maladie compatible avec le Covid-19 ou une infection confirmée lorsqu'elle a été utilisée comme prévention dans les 4 jours suivant l'exposition" (voir l'article de recherche)

Si l'HCQ n'a aucun effet sur la prévention de l'infection lorsqu'il est utilisé à forte dose et juste après l’exposition (prophylaxie), alors on s’attend vraiment à une inefficacité totale en phase précoce.

2e essai. Cet essai randomisé, réalisé à Barcelone sur plus de 2300 personnes en HCQ vs placebo, montre aussi une absence totale d'efficacité de l'HCQ : il n'y a pas de différence significative sur l'apparition de la maladie Covid-19. On attend la publication mais cela semble sérieux.

Comme dit par Science, très grand journal scientifique, « Ces données ont un énorme poids car elles proviennent de grands essais randomisés. Jusqu'à présent, la plupart des données provenaient de petits essais ou de séries de cas »

3ème essai (RECOVERY). 1 542 patients ont été randomisés avec l'HCQ et 3132 sans l'HCQ. Aucune différence significative sur la mortalité à 28 jours (25,7% du groupe HCQ contre 23,5% groupe soins habituels). On est quand même très proche d’une augmentation de la mortalité chez les patients traités avec l'HCQ !

La conclusion de Martin Landray et Peter Horby soutenue par des milliers de médecins au Royaume-Uni est limpide : « Les résultats préliminaires de l'essai RECOVERY sont clairs - l'hydroxychloroquine ne réduit pas le risque de décès ». On attend bien sûr la publication qui arrive.

176 hôpitaux sont entrés dans RECOVERY ! Le Royaume-Uni se positionne très clairement « Ce résultat devrait changer la pratique médicale dans le monde et démontre l’importance de vastes essais randomisés pour éclairer les décisions concernant à la fois l’efficacité et la sécurité des traitements »

Une erreur dans l'essai RECOVERY ?

Des détracteurs veulent faire croire que les chercheurs reconnus à l’origine de RECOVERY + des milliers de médecins anglais se seraient trompés dans la dose. Les docteurs au Royaume-Uni seraient-ils tous incompétents ou vendus aux labos ? Mais qui peut avaler de telles sottises ?

Une réponse en français aux questions de dose est accessible sur Libération. En fait, la forte dose est une force de l'étude : si l'HCQ n'est pas efficace malgré une forte dose utilisée dans RECOVERY, alors l'efficacité est complètement et définitivement écartée dans ce contexte !

Bilan des essais

On retient de ces essais randomisés :

  • qu'en phase très précoce après exposition, l'HCQ ne marche pas du tout et procure des effets indésirables,
  • qu'en phase tardive à l’hôpital, l'HCQ ne marche pas du tout non plus.

Il ne reste plus grand-chose... On verra les essais randomisés qui vont venir.

Des études en faveur de l'HCQ ?

Mais pour l'HCQ, on a quoi ? Quelques cohortes pleines de failles méthodologiques et de biais statistiques déconsidérées par la communauté médicale. Ces "travaux" se reconnaissent car partagés sur Dropbox, Facebook ou publiés dans la revue de ceux qui les écrivent, très douteux...

Dans Annals of Internal Medecine, une méta-analyse (analyse combinée) de 24 petites études a conclu qu'il n'y avait pas de preuves pour utiliser l'HCQ pour le Covid-19. Donc même quand on prend ces cohortes de qualité moyenne en compte : aucun intérêt d'utiliser l'HCQ à ce jour !

Une autre méta-analyse, récente, de très grande ampleur incluant 15.081 patients dans 16 études à travers le monde ne montre aucun effet de l'HCQ +/- azithromycine sur la mortalité chez les patients hospitalisés pour le Covid-19. Enième confirmation.

Ce type d’étude est complexe sur le plan statistique mais nécessaire pour analyser de multiples études parfois contradictoires et dégager des données combinées qui tiennent compte de tous les travaux. Cela fait partie des éléments les plus importants pour la décision médicale.

De nombreuses autres études bien menées vont dans le même sens mais le temps me manque pour toutes les citer. Heureusement, les analyses combinées les incluent, de même que celles qui semblent montrer l'efficacité de l'HCQ.

In fine, la conclusion est sans appel : aucune inefficacité de l'HCQ ! (voir la méta analyse d'Olivier Paccou et al)

Il reste donc à ce stade 2 grandes possibilités pour les non-médecins qui se posent des questions :

  1. L'ensemble du monde médical et scientifique, en France et partout ailleurs, est corrompu, vendu aux labos, prêt à laisser mourir les gens pour des intérêts financiers obscurs. Obscurs parce qu'énormément de médecins sans aucun lien d’intérêt, dont je fais partie, affirment que l'HCQ ne marche pas, et qu'il semble difficile d'imaginer que des invitations en congrès fassent de tous les autres médecins des criminels cyniques prêts à laisser mourir les gens.
  2. Les médecins pro-hydroxychloroquine, de plus en plus rares, sont très isolés sur la scène médicale et scientifique et, soit manquent cruellement de compétences en biostatistiques et en recherche clinique, soit nagent en plein délire complotiste.

Il me semble que la loi du Rasoir d’Ockham vous orientera facilement sur la possibilité la plus probable (spoiler, je choisis la 2).



Ceci est l'archive de mon thread Twitter, faite par l'archiveur de threads de Share.


Nathan Peiffer-Smadja

Résident ID de l' Hôpital Bichat et AP-HP. Doctorant en santé publique à l'HPRU AMR et l'IAME Research Center.