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L'Histoire (très) particulière de la police américaine


Hazukashi
Publié
July 28, 2020

En France, et en Europe en général, la police moderne est « inventée » au cours de la Révolution Industrielle, en même temps que la prison moderne : l’explosion de la population urbaine et les conditions de vie sordides des prolos entraînent révoltes et délinquance.

Le Second Empire met donc en place un système de police politique pour mater les rébellions, les anarchistes et les gangs de rues et autres « classes dangereuses »…

La police moderne française est une création d’Etat, politique, bureaucratique, verticale, top-down. Une émanation directe du pouvoir central. Ce n’est pas du tout le cas de la police américaine.

Ce qui deviendra la police américaine naît en 1704 dans la Colonie de Caroline sous le nom de… Slave Patrols.

Des volontaires blancs forment des milices chargées de mater les révoltes d’esclaves et de ramener les fugitifs à la plantation.

Des groupes de miliciens privés et indépendants, payés par les planteurs pour faire régner un ordre brutal dans un pays peu peuplé, profondément inégalitaire et majoritairement agricole.

Au Nord, la sécurité des villages sera assurée par des « nightwatches », des citoyens faisant des tours de garde, mais aussi par l’autodéfense pure et simple.

Au Sud, après l’abolition définitive de l’esclavage en 1865, les miliciens désoeuvrés des Slave Patrols vont se retrouver dans les premiers corps de police créés, mais aussi… au sein du Ku Klux Klan.

À ses débuts, la police américaine a mauvaise réputation : elle est corrompue, violente, et souvent constituée de… criminels, payés par de riches marchands ou propriétaires, ou condamnés à des Travaux d'Intérêt Généraux. On est plus proches des Sopranos que de Julie Lescaut.

La première police publique, avec des agents à temps-plein, est créée à Boston en 1838. Boston est un grand port commercial, et ses marchands employaient des gros bras pour assurer sécurité et transport des biens.

Ils ont une idée géniale : faire payer leurs milices privées par la ville en les transformant en "service public". Belle opération d'optimisation des coûts fixes.

Tout au long du XIX et XXème siècle, la police va se structurer autour de ce système mélangeant milice privée, volontariat, conscription, autonomie, chaîne de commandement floue, autocratie, clientélisme, relations d'interdépendance avec les politiciens et les industriels.

La police américaine est en fait une invention récente qui ne s’est professionnalisée qu’à partir de 1929, en pleine Prohibition, lorsque le Président Hoover organise la Commission Wickersham, ce qui entamera la "nationalisation" des départements de police.

Tout cet historique chargé explique en partie les tensions et l’animosité très forte entre les flics et les citoyens US d'une manière générale, et avec les citoyens Afro-Américains en particulier.

Dans l’ADN même de la US State Police, dans sa « culture d’entreprise », il y a la Slave Patrol, il y a la bande de brutes corrompues et amorales qui n'incarnent que leurs propres intérêts privés.

C'est aujourd'hui encore un corps opaque et très indépendant.



Ceci est l'archive de mon thread Twitter, faite par l'archiveur de threads de Share.


Hazukashi

J'écris des choses sur les open-spaces, l'alcool, les hipsters, et la start-up nation.