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#3 Les Cypherpunks et leur influence sur les cryptomonnaies


Tech It Easy
Publié
Révisé
July 14, 2020
Il y a 4 années

Cet article est le troisième de ma source TechItEasy. J’y explique les concepts des crypto-monnaies et de la blockchain de façon simple et sans prise de tête, un mercredi sur deux. N'hésitez pas à vous abonner pour ne pas louper les prochains articles.

Dans cette édition je parle du mouvement des Cypherpunks qui a marqué l’histoire des crypto-monnaies. Mais je ne vous en dis pas plus, passons aux choses sérieuses !

Dans la précédente édition, nous avons vu quelle était l’origine de la monnaie. Cela va nous permettre de mieux comprendre le mouvement des Cypherpunks et la création des premières crypto-monnaies.

Les Cypherpunks sont apparus à la fin des années 1980 avec le développement d’Internet. À cette époque, Internet commence à se développer et toute information transmise est en clair sur le net. Cela signifie que n’importe qui est capable d’intercepter les données que vous transmettez (Top 👌). Ce groupe de personnes anticipa très tôt la surveillance de masse et le détournement des données que pourraient orchestrer les gouvernements ou les entreprises. De plus, suite à la fin des accords de Bretton Woods en 1971, ils devinrent profondément suspicieux des banques centrales et autres organismes monétaires. Ils souhaitaient créer une monnaie digitale sans organisme de contrôle.

On va regarder tout ça de près 🧐!

Pourquoi se méfiaient-ils des organismes monétaires ?

Les gouvernements ont deux manières de récupérer de l’argent :

  • La taxation : cela demande (d’une certaine manière) l’accord des citoyens.
  • L’impression de billet : cette action peut être réalisée de façon unilatérale par le gouvernement. De plus, le fait de créer de la monnaie supplémentaire dévalue la monnaie des citoyens, puisque qu’un plus grand volume de monnaie représente une valeur de biens qui, elle, n’a pas changé.

Ce dernier procédé était vu par les Cypherpunks comme un vol de la part du gouvernement envers les citoyens. De plus, il semblait indispensable qu’une monnaie digitale ne soit pas centralisée puisque Internet est sans frontière et donc, sa monnaie, ne devrait pas dépendre d’une quelconque institution pouvant la surveiller.

Naissance 👶

Le mouvement Cypherpunk a été initié par des figures comme Timothy C. May (ancien informaticien américain, ingénieur et chef scientifique chez Intel), Eric Hughes (mathématicien et programmeur informatique) et John Gilmore (organisateur de la première mailing list Cypherpunk, créateur de l’EFF : Electronic Frontier Foundation — une organisation non gouvernementale visant à protéger notre vie privée sur le net). Ils ont créé la première liste de diffusion Cypherpunk en 1992. La plupart étaient basés à San Francisco mais beaucoup se sont aussi rencontrés via Internet.

4 ans plus tôt, Timothy May avait déjà rédigé le premier manifest crypto-anarchiste The Crypto Anarchist Manifesto où il exposait ses idées libertariennes et Eric Hughes écrira A Cypherpunk’s Manifesto en 1993.

Les groupes de Cypherpunks ainsi formés réfléchirent sur la manière de rendre Internet, une place où les libertés individuelles et les données privées sont protégées. On peut penser qu’ils avaient quelque chose à cacher pour vouloir faire ça. Mais on peut aussi le voir autrement : pourquoi je laisserais quelqu’un écouter toutes mes conversations ? Sur internet tout le monde peut voir ce que l’on a écrit, or nous nous comportons comme si nous étions avec un petit groupe d’amis (c’est comme si vous parliez de votre herpès pas seulement sur doctissimo mais à la terre entière).

Les Cypherpunks ont d’abord été considérés comme des rigolos paranoïaques. 🤪

Pourtant, leurs anticipations se sont révélées plutôt justes. On peut rappeler à cet effet l’affaire Cambridge Analytica en 2018 ou bien l’affaire Snowden en 2013 pour le côté surveillance de masse et la crise de 2008 pour le côté finance.

C’est aussi grâce à eux que l’on possède un peu de vie privée sur internet, notamment avec le développement des protocoles SSL (chiffrement sur Internet) et HTTPS : vous devez avoir un petit cadenas en haut qui vous dit si oui ou non le site est sécurisé. S’il ne l’est pas, toute info transmise via ce site est visible par tout le monde (autant donner votre carte de crédit avec votre code dessus ce sera plus rapide).

Pour eux, la cryptographie était le seul outil capable de préserver la vie privée et la liberté de chacun sur le net.

La crypto quoi ? 😶

La cryptographie est une discipline mathématiques qui désigne l’ensemble des techniques visant à rendre inintelligible un message sans une action spécifique. L’intérêt principal est de pouvoir cacher le contenu d’un message aux yeux de tous exceptés un groupe de personne qui possède la clé pour déchiffrer le message.

Cette utilisation est d’autant plus importante que nous vivons dans un monde où nos informations circulent sur des sites internets dont on ne peut pas garantir la fiabilité et la confidentialité. La cryptographie permet dont de garantir leur intégrité et leur authenticité.

La cryptographie est un art très ancien puisque Jules César l’utilisait déjà pour communiquer des messages entre ses armées grâce à la méthode de chiffrement par décalage.

Le problème de double dépense 💸

Mais pour créer une monnaie digitale il fallait régler le problème de double dépense.

En effet, imaginons que je vende une formation sur internet où mon contenu est sur un PDF. Rien ne m’empêche de copier/coller 1000 fois ce même document et le faire payer à 1000 personnes différentes. Qu’est ce qui m’empêcherait de faire pareil avec une monnaie digitale (idée plutôt alléchante non ?) ?

Vous allez me dire, ouais Merlin mais alors comment fait Paypal ou Stripe pour vérifier les transactions ? Ils ont une seule et même base de données où toutes les transactions sont répertoriées et contrôlées. Mais dans ce cas on est dans la pure centralisation. Or nos chers Cypherpunks souhaitent tout sauf ça…

C’est là que la cryptographie entre en jeu ! ⚡️

Petite intro à la cryptographie 🔐

Le type de cryptographie symétrique (comme celle qu’utilisait Jules César) a un terrible défaut. On est obligé d’envoyer la clé qui a chiffré le message à celui qui souhaite le déchiffrer.

Au temps des romains ça pouvait le faire mais sur Internet ce n’est pas tellement idéal : si après avoir envoyé un mail secret à votre ami vous deviez lui envoyer un pigeon voyageur avec la clé pour déchiffrer ce mail, Internet aurait eu beaucoup moins d’attrait (Vous pouvez oublier l’envoie de nudes…).

Avec la cryptographie asymétrique (ou chiffrement à clé publique), nous sommes capables de déchiffrer le message sans jamais avoir besoin de se passer cette clé. Cela facilite le principe et permet de chiffrer et déchiffrer des messages sans risque que l’on vous espionne. Utilisé dans la finance, cela permet de vérifier une transaction sans pour autant dévoiler vos informations, etc.

Premiers essais de crypto-monnaies 🦄

Même si les avancées en cryptographie ont permis d’arriver à la cryptographie asymétrique, il a fallu plusieurs essais avant d’arriver à une vraie crypto-monnaie fonctionnelle comme le bitcoin :

  • La première monnaie digitale basée sur la cryptographie fut créée par David Chaum (chercheur, en particulier dans le domaine de la cryptographie) sous la nomination de DigiCash en 1990. Il créa pour cela une banque centralisée et la monnaie était garantie par des dollars USD, ce qui n’est pas dans l’idéal des Cypherpunks. L’entreprise qui gérait DigiCash fit faillite en 1998 lorsque les utilisateurs se tournèrent vers des moyens de paiement moins privés tels que les cartes de crédit et PayPal (encore eux).
  • En 1996, la monnaie digitale e-gold fut créée, soutenue cette fois-ci par des réserves d’or. Cette plateforme fut largement utilisée. Cependant, de nombreux cybercriminels utilisèrent cette plateforme grâce au peu de restrictions à l’inscription. Le gouvernement en pris connaissance et mena le fondateur en justice. En 2008, le fondateur fut nommé coupable et tous les e-gold furent gelés.

Cela montra aux Cypherpunks que les autorités ne souhaitaient pas voir de monnaies digitales apparaître. Pour éviter d’être sous le contrôle de l’Etat ou des régulations, il fallait créer une monnaie qui n’était pas soutenue par une réserve de valeur centralisée comme l’or ou les dollars. Mais pour créer une telle monnaie numérique, il faut pouvoir lui donner une valeur et donc créer de la rareté (je vous invite à relire mon précédent article sur l’histoire de la monnaie).

Pour créer cette rareté, 2 projets de crypto-monnaies furent soumis :

Ces protocoles sont tous deux basés sur la cryptographie et la preuve de travail (Proof of Work ou PoW que l’on verra plus tard). Le nombre de monnaie maximal devait être fixé à l’avance et “imprimé” au fur et à mesure de manière automatique. De cette façon, on peut créer de la rareté et éviter la gestion de cette monnaie par un organisme tiers. Ces deux projets restèrent sur le papier et ne virent jamais le jour.

Satoshi Nakamoto (encore notre fameux inventeur anonyme) reprendra ces schémas pour créer le bitcoin que nous connaissons. C’est ce que nous verrons dans le prochain article !! 🤙

Aujourd’hui les Cypherpunks peuvent être représentés par des figures comme Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks ou bien Bram Cohen fondateur de BitTorrent.

Ce qu’il faut retenir 🙌

  • Les Cypherpunks font partie d’un mouvement qui vise à protéger la liberté individuelle et la vie privée sur Internet en partant du principe que l’on ne peut pas faire confiance aux institutions et entreprises.
  • Une monnaie digitale décentralisée est indispensable pour assurer ces revendications.
  • La cryptographie est le seul outil capable de préserver la sécurité des données transmises sur Internet.
  • Le bitcoin est le fruit de la réflexion des Cypherpunks et des avancées dans le domaine cryptographique.

Sources 📜

Voilà pour cette troisième édition. Vous pouvez m’envoyer vos retours (positifs ou non) sur LinkedInTwitter ou Facebook. Et si ça vous a plu, n’hésitez pas à partager la source ! 🤗

À la semaine prochaine !


Tech It Easy

Chaque mercredi, je vous fais comprendre les concepts de la blockchain et des crypto-monnaies de façon simple et sans prise de tête !