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De la réalidée à la réalité


Lucas Willems
Publié
Révisé
May 3, 2020
Il y a 3 années

Le monde actuel peut être rendu 100x meilleur.

Miple

J’ai eu mes premières idées pour rendre le monde meilleur au lycée. J’ai continué à en avoir lorsque j’étais en classe préparatoire puis dans l’école que j’ai integrée, l’ENS, une école pour devenir chercheur.

Durant ces années, j’ai accumulé les idées, mais j’ai surtout fini par comprendre que vu leur diversité et mon envie de toutes les réaliser, il me fallait les regrouper dans un cadre plus général.

J’ai alors cherché comment les unifier, et j’ai fini par trouver. Je me suis rendu compte qu’elles avaient un point commun : minimiser l’effort des gens. Je l’ai traduit en anglais (minimize people’s efforts), contracté, et j’ai obtenu le nom Miple.

De l’argent pour l’ambition

Quelques années avant d’aboutir au nom Miple, j’ai eu la chance de rencontrer Vadim, à l’ENS. De nos expériences, nous fîmes le constat qu’il était très dur pour un lycéen de savoir à quoi les disciplines post-bac ressemblent, et donc d’identifier celles qu’il préfère. C’était un problème grave à nos yeux, et nous avons voulu le résoudre.

Nous avons alors créé l’association Savoirs Pour Tous. L’objectif était d’aider les lycéens à identifier les disciplines qu’ils préfèrent, en leur faisant goûter les savoirs post-bac. Concrètement, nous faisions venir des classes de lycée à l’ENS pour assister à de courts exposés de normaliens sur les différentes disciplines post-bac.

Ce projet nous passionnait. La première année, nous y avons investi énormément de notre temps libre, plusieurs jours par semaine chacun. Nous recrutions les exposants, les aidions dans l’élaboration de leurs exposés, faisions venir les classes de lycée, captions les exposés, les montions, les publions sur YouTube, etc.

La deuxième année, en plus du temps investi, nous y avons mis un peu d’argent personnel. Nous avons fait des petites dépenses pour nous débarrasser de plein de petits problèmes, comme ne plus dépendre de la disponibilité du matériel de l’ENS en achetant le nôtre. L’argent nous a soulagé.

La troisième année, en plus du temps investi, nous avons reçu des financements. Nous avons pu rémunérer des personnes pour nous décharger de certaines tâches (création d’un logo et d’un générique), et nous concentrer sur notre mission : faire des exposés post-bac de qualité. L’argent nous a donné plus de liberté.

Au bout de trois ans, nous étions encore loin d’atteindre notre objectif, et si nous voulions l’atteindre, nous devrions encore investir énormément de notre temps libre pendant de nombreuses années. La situation n’était pas viable. D’un commun accord, nous avons finalement décidé d’arrêter l’aventure, sur un échec.

Une des raisons de cet échec a été le manque d’argent. Nous ne pouvions plus investir autant de notre temps libre. Plus d’argent nous aurait permis de nous décharger de tâches très chronophages, comme le montage des exposés qui me prenait tous mes week-ends. Mais dans l’état du projet, nous ne voyions pas comment en avoir plus.

De cette expérience, j’ai compris qu’il faut de l’argent pour faire des projets ambitieux, et qu’il faut penser à des moyens d’en gagner dès le début. Autrement dit, sans argent, adieu l’ambition. Et vu l’ambition des idées que j’avais, j’ai compris que Miple devrait être une entreprise.

La réalidée

Trouver un cadre à mes idées a renforcé ma créativité, à tel point que j’en notais désormais de nouvelles en permanence, et j’avais du mal à me concentrer sur autre chose. J’adorais cette période d’ébullition et d’imagination d’un monde 100x meilleur.

Puis, un jour, je me suis posé une question anodine : quand est-ce que je commence à réaliser mes idées ? Cette question m’a scotché. C’est vrai : quand est-ce que je commence ?

J’ai alors pris conscience que c’était bien beau de noter des idées en permanence et de fantasmer dessus, mais que si je ne faisais que ça et ne les réalisais jamais, les avoir eues n’aurait absolument servi à rien.

Autrement dit, à un moment donné, il faudrait que je transforme ma réalidée (la réalité dans ma tête, améliorée par mes idées) en réalité. Et ce moment, c’était maintenant. J’avais déjà imaginé pour 10 ans. Je me devais d’arrêter et de passer à l’action.

De la réalidée à la réalité

Suite à cette prise de conscience, beaucoup de choses se sont passées.

1. M’investir

La question “quand est-ce que je commence ?” m’est venue mi-avril 2019, au milieu de ma 3e année d’étude sur 4 à l’ENS. À ce moment-là, je me suis rendu compte que, vu l’ambition de mes idées, je devrais travailler à plein temps pour les réaliser, mais que ce serait impossible si je continuais sur ma voie en devenant chercheur.

J’étais alors face à un dilemme : soit devenir chercheur mais ne jamais réaliser mes idées, soit changer de voie, réaliser mes idées, mais ne jamais être chercheur. Immédiatement, beaucoup de tristesse et de regret m’ont envahi à l’idée de ne jamais réaliser mes idées, beaucoup plus qu’à celle de ne jamais être chercheur.

J’ai alors décidé de finir ma 3e année, et de commencer, en septembre, une année de césure, pour m’investir à 100% sur Miple (en vivant sur l’argent que j’avais mis de côté). À la fin de cette année-là, je devrais savoir si j’arrêtais l’ENS et continuais Miple, ou l’inverse.

2. Sélectionner

Faire une année de césure pour m’investir à 100% sur Miple, c’est bien, mais encore faudrait-il savoir pour quoi faire précisément, parce que Miple, en soit, ce n’est rien d’autre qu’un regroupement d’idées. Et je ne peux travailler sur toutes à la fois, il me faut commencer petit et sélectionner une seule idée.

J’ai alors listé toutes mes idées et cherché celle avec le meilleur compromis facilité d’implémentation / rentabilité. C’est ainsi que j’ai choisi de commencer par Share, une plateforme pour permettre aux gens de consulter et partager des contenus, la plateforme sur laquelle vous êtes actuellement.

3. M’associer

J’étais convaincu que je devais m’associer. À deux, on est trois fois plus intelligents, trois fois plus rapides et trois fois plus endurants. Et maintenant que j’avais sélectionné une idée, il me serait beaucoup plus simple de convaincre quelqu’un de faire ce projet avec moi puisqu’il pourrait se projeter.

La question était : avec qui s’associer ? J’ai longtemps cherché et hésité. Puis, j’ai pensé à Jacob. J’ai immédiatement su que ce serait avec lui. Je lui ai présenté le projet fin avril, et il a accepté.

4. Faire & Apprendre

Puis septembre est arrivé. Mon année de césure a débuté.

J’ai commencé par me mettre dans les bonnes conditions pour faire :

  • J’ai pris une chambre dans l’internat de mon école (plutôt que de loger chez mes parents), pour avoir une sortie d’argent conséquente chaque mois et me mettre un peu plus de pression.
  • J’ai pris la chambre à un étage où je ne connaissais personne.
  • J’ai acheté un jogging et des pantoufles pour travailler confortablement.
  • J’ai acheté des barres Feed, pour ne plus avoir qu’un seul repas à me faire par jour, celui du soir.

Puis, j’ai fait. De 9h à 22h, chaque jour. Ma journée type :

9h, levé. Je code. 13h, je mange une barre Feed. Je code. 17h, je mange une barre. Je code. 22h, j’arrête. Je mange en regardant YouTube, je me lave et je fais ce que je veux. 2h, couché. Certains soirs, j’arrête vers 20h, pour aller manger avec mes amis.

Malgré les apparences, cette routine est très facile à tenir, car (i) j’aime beaucoup ce que je fais au jour le jour, (ii) je sais que cette intensité est temporaire, et (iii) j’ai conçu la routine de telle sorte à maximiser mes chances de la suivre :

  1. La routine est forte. Toute ma journée est planifiée, aucune place à la variabilité, aucun besoin de réfléchir.
  2. La routine est simple. Elle est faite de seulement 7 étapes, et dans ma chambre, il n’y a qu’un lit, un bureau avec mon ordinateur, des barres Feed, des habits, de la nourriture, et une douche.

En plus de faire, j’ai aussi dû apprendre, parce qu’en fin de compte, je ne savais pas grand chose… J’ai appris :

J’apprenais le soir, après dîner. Je lisais des documentations ou regardais des tutoriaux. Rapidement, je suis tombé dans le piège d’apprendre des technologies en pensant en avoir besoin, pour ne finalement jamais les utiliser. Je me suis donc imposé une règle : n’apprendre que des choses qui me seront utiles dans les deux jours.

La réalité, enfin

Lorsque j’ai commencé à faire, début septembre, je pensais qu’il ne me faudrait pas longtemps pour arriver à une première version de Share, quelques semaines tout au plus. Début novembre, j’estimais à une semaine le temps restant avant que je sois en mesure de lancer Share.

Malheureusement, rien ne s’est passé comme prévu. Tout prenait plus de temps que ce que j’imaginais, et de nombreux problèmes auxquels je n’avais pas pensé se rajoutaient sans cesse. Finalement, chaque semaine, je repoussais la date de sortie d’une semaine…

Au bout de plusieurs semaines à repousser, j’ai commencé à stresser et douter de ma capacité à sortir une première version de Share avant la fin de l’année scolaire. Puis, je me suis ressaisi : stresser ne sert à rien, je fais ce que je peux, je dois prendre mon mal en patience.

J’ai alors pris mon mal en patience. Ça a été long, très long. Mais après 6 mois à annoncer un lancement dans une semaine, la réalité pointe enfin le bout de son nez : cet article signe le lancement de Share aujourd’hui ! J’ai du mal à y croire.

Je sais que rien de spécial ne va se passer et que nous avons encore tout à faire, mais ce jour est symbolique : il marque une victoire, certes petite, mais notre première victoire.



Un grand merci à Vadim Lebovici, Marion Bet et Jacob Leygonie pour leur relecture précieuse.


Lucas Willems

Co-fondateur de Share et Miple, je vous partage les réflexions qui me construisent et m'aident à réussir.