shared contents
to sources that interest you
your own contents
By using Miple's services, you agree to our Privacy policy.
Tout commence en 1886 lorsque le baron austro-hongrois Richard von Krafft-Ebing publie la première étude psychiatrique sur les déviances sexuelles : Le Psychopathia Sexualis.
Il ne s'agit pas d'une plante verte, mais bien du titre, en latin, d'un recueil rédigé partiellement en latin, soit disant pour faire plus savant, afin de, je cite, "décourager les profanes". Raté ! Ce sera un best-seller...
A l'époque, on ne parle pas encore de perversion mais de paresthesie, c'est-à-dire de déviation de l'instinct sexuel, c'est-à-dire d'orientation sexuelle, ou ce que nous, les psys, on appelle le choix d'objets. Il dégage donc 4 catégories principales de paresthesies : sadisme, masochisme, fétichisme et homosexualité.
Plus tard, l'homosexualité étant très sévèrement réprimée par la justice de l'époque dans presque toute l'Europe, Kraff-Ebing se prononcera en faveur de sa dépénalisation. Mais son succès et son influence seront alors éclipsés par les écrits psychanalytiques de Sigmund Freud, notamment sur la perversion. Plus personne ne l'écoutera...
1928. Dans ses études de psychologie sexuelle, le psychiatre britannique Havelock Ellis distingue essentiellement 2 types de paresthesies : le symbolisme érotique, c'est-à-dire le fétichisme, et l'homosexualité.
Mais la plupart des autres auteurs européens, comme Sigmund Freud ou Alfred Binet, par exemple, vont estimer que l'homosexualité, comme toutes les autres formes de "perversion", est une variante de fétichisme, c'est-à-dire le déplacement de la sexualité hétérosexuelle génitale, la pénétration, vers un objet partiel.
Pour eux, l'attirance exclusive pour des vêtements, l'urine, les enfants, les personnes de même sexe ou un trait de caractère comme le sadisme, se résumeraient à des objets partiels fétiches.
Mais qu'en est-il d'un homosexuel fétichiste ? Par exemple : un amateur de barbu, serait-il un fétichiste au carré ou un méta fétichiste ?
C'est une étude française qui a le plus influencée tous ces théoriciens du début du 20e siècle : celle de Valentin Magnan et Jean-Martin Charcot, sur un fétichiste du bonnet de nuit, publiée en 1882. Voici ce qu'on pouvait y lire page 315 / 316 :
« A l'âge de 5 ans, il avait l'occasion de voir se déshabiller une vieille servante. Dès que celle-ci mettait sur sa tête une coiffe de nuit, il se sentait très excité. Et l'érection se produisait immédiatement. Plus tard, l'idée seule d'une tête de vieille femme ridée et laide, mais coiffée d'un bonnet de nuit provoquait l'orgasme génital. »
Plus tard, le docteur Magnan fera la distinction des perversions sexuelles en fonction du niveau d'insertion sociale : d'un côté, les bons pervers, les riches, le plus souvent homosexuels ou exhibitionnistes, et de l'autre, les pervers agressifs et cruels, les pervers pauvres.
Bref. Tout ça pour dire qu'il y avait encore du boulot avant de pouvoir bien distinguer dans la sexualité humaine ce qui est pathologique de ce qui ne l'est pas.
Texte écrit par Lucas Willems
PSYCHORAMA
Psychologie clinique et pop-culture !