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Hier soir, à 22h30, j’ai reçu un sms d’une amie qui travaille à l’hôpital. Ils avaient reçu une femme enceinte victime de violences de son conjoint et ne savaient pas comment l’orienter. La femme victime ne voulait pas porter plainte.
J’ai rappelé l’amie et sa collègue et on a fait le tour des solutions.
Première question, est ce que la dame est en danger de mort ? Si oui, un signalement au procureur est nécessaire. Comment fait-on pour évaluer le danger ?
D’abord, on demande à la dame en question. Si elle dit qu’elle a peur, c’est sans doute qu’elle est terrorisée. Si elle dit qu’elle est terrorisée, c’est sans doute qu’elle est en danger de mort. Si elle dit qu’elle a peur pour sa vie, croyez-la. C’est sans doute qu’elle est en danger grave et imminent.
On peut aussi utiliser des grilles d’évaluation du danger. Viols Femmes Info en a créé une qu’on utilise avec les professionnel.le.s.
Ensuite, on peut proposer à la dame de demander une ordonnance de protection. Ce dispositif peut être mobilisé sans plainte. Il suffit de faire une demande au juge aux affaires familiales.
L’ordonnance de protection est sous utilisée en France alors que c’est un outil qui pourrait protéger des dizaines de milliers de femmes. (explications sur Mediapart)
J’ai dit à ma copine et sa collègue de contacter dès lundi le CIDFF de leur département. Ce réseau est peu connu des professionnel.le.s alors qu’il peut accompagner et orienter les femmes victimes partout en France.
Enfin, j’ai proposé de raconter à la dame victime le cycle des violences et l’emprise, pour outiller la femme à mieux comprendre les mécanismes et à envisager d’en sortir. Je raconte dans cet article les choses qu’on peut dire à une victime.
Les deux professionnelles que j’avais au bout du fil m’ont dit être démunies. Ne pas savoir quoi faire pour protéger cette dame. C’était violent pour elles d’avoir l’impression qu’aucune solution n’était possible à part prolonger l’hospitalisation. Ce qui ne pouvait durer.
Elles voyaient - et moi avec elle - la mécanique implacable des féminicides se dérouler sous leurs yeux. Cette mécanique que Le Monde a raconté dans un numéro spécial, sur lequel je reviens. J’étais au bout du fil et je pensais à ce numéro. Je me disais « c’est pas possible, c’est pas possible »
J’ai essayé de donner toutes les solutions auxquelles je pensais. Je ne connais pas la suite de l’histoire. J’espère que le procureur a réagi.
Le monsieur avait déjà été mis en cause pour violences conjugales. Dans un pays qui protège les femmes victimes, il devrait être arrêté à cette heure là. Et la dame devrait pouvoir respirer. En France, ce n’est pas toujours le cas.
On était samedi soir. J’étais au milieu d’une soirée. Et je me retrouve à aider par téléphone des professionnelles de santé démunies à orienter une femme victime de violence. À quel moment on se dit que ça déconne grave ?
Le fait que je fasse office quasi quotidiennement - comme des dizaines de copines féministes - de numéro vert « que faire en cas de violence ? » est tout simplement sidérant.
C’est le signe d’une absence de dispositif efficace pour accompagner les professionnel.le.s. C’est par ailleurs dangereux pour nous. Nous sommes confronté.e.s à des récits de violence à tous moments de nos vies, sans filtre. C’est épuisant. Et inefficace.
Ceci est l'archive de mon thread Twitter, faite par l'archiveur de threads de Share.
Caroline De Haas
Je casse l’ambiance dans vos soirées. 😘