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Aujourd’hui, on va parler de la transition énergétique de l’Allemagne et en particulier de sa sortie du nucléaire. Avant de parler “technique” et des conséquences, petit rappel historique et politique !
Tout commence en 1998 quand Gerhard Schröder, membre du SPD, le parti socio-démocrate allemand, devient Chancelier à la tête d’une coalition historique avec les Verts (Grünen). Gerhard Schröder & Joschka Fischer (Cabinet Vert-Rouge) :
Ce gouvernement prend plusieurs résolutions:
⚠️ La décision de sortie du nucléaire est donc antérieure à l’accident de la centrale de Fukushima en 2011.
En 2005, Angela Merkel, membre du CDU (parti chrétien-démocrate), remporte les élections fédérales et est investie chancelière grâce à une grande coalition CDU-SPD. Le SPD remporte le ministère de l’environnement et de la sûreté nucléaire, le sujet est au point mort.⏳
En 2009, Merkel, ancienne ministre de la protection de l’environnement et de la sûreté nucléaire, docteure en physique, est reconduite à ses fonctions menant une nouvelle coalition CDU-CSU (chrétien social) - FDP (parti libéral démocrate).
Cette alliance promulgue, en 2010, une nouvelle “loi atomique” qui prolonge la durée d’exploitation des centrales nucléaires en tant qu’énergie de transition vers 80% d’électricité renouvelable.💨☀️ 57% des Allemands y sont opposés, 37% favorables, 4% n’ont pas d’opinion.
Le 11 mars 2011, le séisme de Tōhoku suivi d’un tsunami frappe le Japon faisant plus de 18 000 morts et déclenche l’accident nucléaire de Fukushima. Cet accident engendra l’évacuation de centaines de milliers de personnes mais ne fera aucun mort dû aux rayonnements ionisants.
En Allemagne, les campagnes électorales pour les élections régionales sont en cours dans 3 Länder dont le Bade-Wurtemberg. Cette région possède 2 centrales concernées par les prolongements. Le sujet du nucléaire est donc un argument de campagne des Verts. 🗳
Dès le 12 mars, le lendemain du tsunami, des organisations anti-nucléaires organisent des manifestations dont une chaîne humaine rassemblant plus de 60 000 personnes entre la centrale de Neckarwestheim et Stuttgart.
Une étude publiée dans Springer analyse d’ailleurs:
Le 14 mars, Angela Merkel décide, sous la pression de l’opinion publique, de l’arrêt temporaire des 8 plus vieux réacteurs sur les 17 que comptent le pays pour une durée de 3 mois; le temps que les réacteurs concernés soient inspectés.🧐
Proglio, ancien PDG d’EDF, rapportera les paroles de Merkel à l’époque: “Allemande de l’Est, je suis totalement convaincue par le nucléaire. Mais j’ai besoin des Verts pour gagner les élections régionales et demain les élections nationales.” (cf. la transcription de l'intervention d'Henri Proglio)
Le 27 mars, le CDU de Merkel remporte 60 sièges au Bade-Wurtemberg mais la percée des Verts et la chute des libéraux permet à l’alliance SPD-Verts de remporter la majorité. C’est une victoire historique car la région était dirigée par la CDU depuis plus de 50 ans.
Le 30 mai 2011, le gouvernement allemand:
L’Allemagne opte pour une sortie du nucléaire en 2022.
Suite à cette décision, l’étude citée précédemment rapporte une chute des préoccupations environnementales mais un fort soutien de l’opinion publique aux énergies renouvelables (EnR) : 70% des Allemands déclare être prêts à payer plus cher leur électricité en échange du développement des EnR.
Mais est-ce que les allemands étaient bien informés des enjeux de ce revirement abrupte ? Quel poids l’émotion suscitée par Fukushima a-t-elle pris dans la décision ? 🤔 Nous en verrons les conséquences dans un prochain article. A suivre… 🙂
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Tanguy
J'écris principalement sur l'énergie et ce qui tourne autour.