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Les décès du Covid-19 sont-ils sous-estimés ?


Publié
July 6, 2020

Plusieurs raisons nous laissent penser que les chiffres officiels de mortalité sur le Covid-19 ne reflètent peut-être pas la réalité du nombre réel de victimes :

  1. Des personnes supectées de Covid-19 meurent sans être testées.
  2. La mortalité serait très élevée dans les EHPAD où les victimes ne sont pas comptabilisées dans le bilan officiel (cf. cet article de 20minutes).
  3. On observe un décalage entre les chiffres officiels et la mortalité réellement observée dans certaines villes en Italie (plus de détails).

En attendant les données de l'Insee, on peut creuser dans les avis de décès pour vérifier.

Un excès de décès par rapport à 2019

On a donc récupéré des dizaines de milliers d'avis de décès publiés notamment dans la PQR de l'Est et on a comparé le nombre d'avis de décès publiés semaine par semaine dans plusieurs départements, en 2019 et en 2020. Voilà le résultat pour le département du Haut-rhin, le plus touché par le Covid-19 en France :

On observe un excès flagrant d'avis de décès par rapport à la même époque l'an passé.

Dans le Bas-rhin (67) et les Vosges (88), l'excès est (un peu) moins impressionnant mais significatif tout de même :

Des décès Covid-19 oubliés ?

Est-ce que ce sursaut de mortalité dépasse le nombre officiel de décès Covid-19 ? Pour le savoir, on compare, dans ces trois départements, cet excédent d'avis de décès au nombre de décès officiellement attribués au Covid-19. Voilà ce qu'on obtient :

On observe une belle corrélation et, assez manifestement, une proportionnalité entre le nombre de décès officiellement attribués au Covid-19 et l'excédent de décès. La pente de la courbe, mesurée par un fit, est de 1,2 ± 0,1, soit 1,2 fois plus d'avis de décès excédant que de morts officiellement attribués au Covid-19.

Le fait que le coefficient soit proche de 1 suggère qu'on observe bien l'effet du Covid-19. D'ailleurs sur le graphique suivant (Haut-Rhin), l'accord est même très bon entre le modèle linéaire et les observations.

Prudence vis-à-vis de ces résultats

Le fait que le coefficient supérieur à 1 laisse penser qu'en effet, une partie des morts dûs au Covid-19 n'est pas détectée. Cependant, il faut être prudent vis-à-vis de ce coefficient. Il y a énormément de difficultés avec cette mesure :

  1. On fait l'hypothèse qu'en l'absence de Covid-19, la pente serait constante. Or, il y a des variations saisonnières et l'effet du confinement.
  2. Les avis de décès ne sont pas publiés le jour du décès. Les données géographiques associées ne correspondent pas toujours au lieu du décès.

La première source d'erreur est propre à toutes les mesures statistiques de surmortalité qui nécessitent un modèle de prédiction du nombre de morts attendus. C'est la même difficulté pour la grippe.

La seconde source d'erreur est due au fait qu'en l'absence de données récentes sur les décès, on est obligé de passer par des proxies. La source de données que j'ai utilisée n'est pas fantastique. En plus, les avis de décès ne sont pas systématiques.

Potentiellement, les avis de décès pourraient être moins fréquents à cause du confinement qui empêche la tenue de cérémonies en grand nombre. Ce qui contribuerait à sous estimer la mortalité.

Heureusement, dès demain, l'Insee publiera exceptionnellement des données hebdomadaires (au lieu de mensuelles) sur les décès remontés par les communes. Restera à développer un modèle capable de mesurer la surmortalité liée au Covid-19 malgré la saisonnalité, la grippe, etc.

Peut-être pourra-t-on conclure, dans les semaines qui viennent, si la surmortalité réelle dépasse significativement les chiffres officiels.



Ceci est l'archive de mon thread Twitter, faite par l'archiveur de threads de Share.


Lucas Gautheron

Étudiant à l'ENS Paris-Saclay / UPMC.