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Je vais vous parler d'une découverte pour les amoureux de génétique végétale. 😍
Un nouvel article de ScienceMag, intitulé "How a gene from a grass-living fungus could save wheat crops worldwide" ("Comment un gène d'un champignon vivant sur une herbe pourrait sauver les cultures de blé dans le monde entier") vient de paraître.
Cet article présente la découverte potentielle d'un gène de résistance à la fusariose. Je reviens sur ce qu'est la fusariose, puis sur la découverte elle-même.
La fusariose est une maladie importante pour le blé aussi bien en terme de rendement que de qualité (plus de détails).
Plusieurs fusarioses existent mais l'une des plus préjudiciables est provoquée par Fusarium graminearum (anciennement Roseum). En plus de la perte de rendement, elle provoque l'apparition de mycotoxines (Déoxynivalénol = DON).
Une teneur trop importante en DON provoque le déclassement du blé qui ne peut plus être valorisé en alimentation humaine. Et si la teneur est trop élevée, les performances en prod animale sont diminuées (plus de détails). Voici la réglementation :
La fusariose du blé est une maladie majeure. Le climat est le 1er facteur influençant sa présence. Des pluies au moment de l'épiaison-floraison favorisent la maladie :
De plus, la culture précédente a une influence (le maïs est favorable à la fusariose) tout comme le travail du sol aussi :
Il existe des fongicides pour traiter la fusariose mais il faut reconnaître que le positionnement de ceux ci sont compliqués.
Le principal levier de lutte contre la fusariose est donc la génétique avec des variétés plus tolérantes :
D'où l'importance de trouver de nouveaux gènes de résistances pour la fusariose.
Une partie de ces gènes peuvent être trouvés sur des plantes cousines.
Dans le cadre de cette découverte, c'est sur Thinopyrum elongatum que le gène Fhb7 a été trouvé.
Il existe plusieurs méthodes pour transférer les gènes de cette graminée sauvage vers la culture du blé.
On pense notamment au blé synthétique (c.f. le thread Twitter de Yann Duroc) avec utilisation de la Sélection Assistée par Marqueurs pour aider au rétrocroisement, par exemple comme expliqué dans cette vidéo.
On pense également à CRISPR (c.f. mon thread Twitter sur le sujet) ou à la transgénèse (OGM) comme le montre la figure 1 de l'étude :
L'étude a également cherché à savoir l'origine du gène Fhb7. En faisant des recherches sur l'ADN, ils ont remarqué que le gène de la graminée Thinopyrum elongatum était originaire du champignon Epichloë aotearoae, symbiotique sur des graminées par transfert horizontal.
Un transfert horizontal, c'est ni plus, ni moins qu'une transgénèse, un OGM naturel en quelque sorte. Car comme le rappelle cet interview d'un professeur émérite du CNRS, la transgénèse est quelque chose de parfaitement naturelle.
Voilà comment un champignon via le génie de la génétique pourrait aider à la durabilité de la culture du blé.
Ressources :
Cet article est l'archivage de mon thread Twitter.
ChristopheB.
Agriculteur à droite de la Baie de Somme.