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Le harcèlement scolaire est me revulse au plus haut point, pour une raison très simple : j'en ai été moi-même victime.
Ce n'est pas une chose dont j'ai beaucoup parlé. Je n'en ai d'ailleurs jamais parlé à mes parents. Juste à mon grand frère. C'est d'ailleurs lui qui m'en a sorti.
Quand je suis arrivé au collège en 6ème, nous étions dans un collège usine, immense : pas loin de 1000 élèves noyés dans un univers inconnu et terrifiant (c'est comme cela que je l'ai vécu).
Étant de fin d'année, je suis arrivé au collège à 10 ans. Un enfant en somme. Pas bien grand, pas bien solide (j'ai eu une croissance un peu tard). À l'epoque un peu timide et reservé et surtout appeuré de ce collège. Heureusement mon frère était en 4ème et m'a bien aidé au début. Mais il ne pouvait pas être tout le temps là.
Quelques semaines apres la rentrée, après une heure de cours, il fallait absolument que je passe par les toilettes. C'est là que ça a commencé. Deux 3ème y etaient également et m'ont bousculé en se marrant. Je n'ai rien dit, je ne faisais pas le malin. Ils l'ont bien compris.
Et ces deux fdp m'ont alors pris quotidiennement pour leur souffre douleur. Petit racket de carte dragon ball, petite gifle, insultes. Rien de bien méchant pour eux. Sauf que pour moi, ça devient invivable, j'angoisse d'aller a l'école, de rentrer seul quand je finis apres le frangin.
Mais comme un con, je me tais, je me dis que ça va passer, qu'ils vont finir par se lasser. Mais ne ça passe pas, au contraire. Et pourtant je ne dis rien, encore. Je me terre dans le silence. Mes parents ne voient rien. Je mange plus, je dors mal.
Jusqu'au jour où il a débarqué dans ma chambre un soir et a demandé des explications. Et j'ai craqué. Presque 3 mois après le début, je disais enfin à quelqu'un ce que je vivais.
Mon frère, pas psychlogue, agé de 13 ans, a écouté, m'a réconforté et m'a promis droit dans les yeux que c'était terminé, que mon calvaire était terminé. À ses 5 ans, il a voulu faire de l'aikido au dojo de la ville. 8 ans plus tard, il en faisait toujours, avait remporté quelques compétitions. Autant dire que deux 3ème ne lui faisaient pas peur.
Le lendemain, il m'a dit de faire comme d'habitude. Du coup, comme d'habitude, mes harceleurs m'ont bloqué dans les toilettes pour me mettre des gifles en se marrant. Ce fut la dernière fois.
Mon frère est entré et a mis une balayette au premier et une manchette au deuxième. S'en est suivi un coup de poing au plus petit des deux et une clé de bras à l'autre. Puis calmement, il leur a dit que j'étais son frère et que la prochaine fois, ce serait pire. Ils ne m'ont plus jamais emmerdé.
La semaine suivante, j'attaquais l'aikido, art martial que je fis pendant 15 ans. Depuis ce jour, je n'ai plus jamais été harcelé de ma vie. Pourtant, 25 ans après, j'en ressens encore les effets.
Bref, tout ça pour dire plusieurs choses.
La première, si vous êtes harcelé, parlez-en, confiez-vous, vous n'êtes pas fautif. Ce n'est pas votre faute. Et il faut en parler, à vos parents, à vos amis, à votre grand frère. Il y aura toujours quelqu'un pour vous aider, pour faire cesser cela.
La deuxieme, si vous êtes harceleur, vous êtes tellement minable que cela me désole pour vous. Si faire chier un plus faible que vous vous rend heureux et fier, c'est que votre vie est bien triste.
La troisième, vous avez peut être parmi vos proches, quelqu'un qui est harcelé. Schez déceler les signes : fatigue, angoisse, perte d'appétit, énervement, résultats scolaires en baisse. Parlez avec vos enfants, amenez-les à se confier. Ne vous dites pas que ça va passer car ça ne depend pas de lui/elle, il/elle n'y est pour rien et a besoin d'aide.
Mes parents n'ont pas su le déceler, je leur en ai jamais voulu. Mais si mon frère n'avait pas su, je ne sais où j'en serai aujourd'hui.
2 ans plus tard, quand ma sœur est arrivée en 6ème, j'ai vraiment prêté attention à ça. Entre temps, j'avais pris 20cm et autant de kilos, l'aikido m'avait musclé, je prenais le rôle de grand frère. Elle n'a jamais été emmerdée.
Voila, un petit partage de vie. Courage à ceux qui sont harcelés, vous n'êtes pas seuls, ne faites pas mon erreur de le garder pour vous, parlez-en. Quand aux harceleurs, vous êtes minables.
Gentil Gendy
Gendarme OPJ, j'aime raconter des anecdotes de carrière. Triple papa. Époux d'une italienne.