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Les cars rapides : Histoire et identité


Publié
August 31, 2020

Les cars sont arrivés au Sénégal en 1947, après la 2nd Guerre mondiale, importés de France par un dénommé Furnard Dumat (infos inexistantes à son sujet). Le modèle de fourgonnette appelé Super Goélette 2 ou SG2 était très différent de celui des cars rapides actuels.

Transporter des marchandises

Ils étaient peints d'une couleur unie et sans décorations et n'étaient pas initialement destinés pour le transport de passagers mais pour celui de marchandises seulement. D’ailleurs leur production a stoppé dans les années 70.

Le car commence vers 5 ou 6h du matin et s’arrête entre 22 et 23h selon le jour. Vu leur état vétuste, les apprentis sont généralement responsables des petites réparations et de l'entretien des véhicules, de Dakar qui transportent des nombreux usagers par jour.

Mais vu qu'il y a beaucoup de car rapides, la concurrence est rude entre les apprentis pour avoir les clients. Les proprio de car demandent entre 15 et 20,000 CFA par jour. Pour atteindre ce quota, les chauffeurs et apprentis font autant de navette que possible.

Les couleurs et les dessins

On arrive à la partie la plus intéressante : l’histoire du car rapide pour les couleurs et les dessins que vous voyez tous les jours.

Tout d'abord, il faut savoir que le jaune - blanc - bleu fut imposé par le ministère des Transports (je me demande qui a eu l'idée...).

Au sujet de l’origine des décorations, 3 noms ressortent :

  • Moussa Tine dans les années 70,
  • Nolas et Grand Dion, plus récents, qui ont innové, selon les peintres Saliou Kane et Omar Pouye dans la série de courts documentaires du Musée de l'Homme sur le car rapide en Mai 2017.

Dans les années 1970, un artiste du nom de Moussa Tine, qui travaillait comme apprenti à l'époque, a commencé à dessiner sur les cars rapides. D'autres proprio ont commencé à l'approcher pour faire de même avec leurs cars. Tine s'est inspiré de la culture sénégalaise.

Il voulait faire des dessins qui étaient beaux, attrayants et significatifs. Avant de décorer chaque car, Moussa discutait avec le propriétaire pour en savoir plus sur lui afin qu'il puisse personnaliser le car pour refléter les croyances et les pratiques de chaque propriétaire.

Moussa fut une fois embauché par un propriétaire dont les ancêtres étaient des chasseurs de crocodiles. Il décida alors de peindre un crocodile sur le car de ce client pour rendre hommage à sa famille et à ses origines.

Bien que les cars ont tendance à être parfois similaires en raison des couleurs et motifs, ils sont tous uniques à leur manière. La décoration du car n'est pas seulement belle, mais elle a aussi un sens puisque les dessins et motifs reflètent la culture et les valeurs sénégalaises.

De ce fait, dans son rapport d’étude, Alicia Graziano a identifié 3 des modèles les plus populaires que l'on trouve sur presque tous les car rapides : l'aigle, le cheval et les yeux.

Pour l’aigle, Moussa fut inspiré par une chanson populaire des années 70 de Pape Serigne Seck. Il a d'abord peint ce design dans le but de créer quelque chose d'unique pour un client spécial. Maintenant c'est l'un des motifs les plus populaires. L'aigle représente la force et la puissance et parfois tenant un ballon de foot pour montrer l'influence et sa popularité.

Le cheval rappelle comment dans le passé le cheval était le principal moyen de transport au Sénégal. Il sert à relier le passé et le présent. Certains disent qu’il s’agit de Malaw, la monture de Lat Dior et symbolise la ténacité du Damel dans toute épreuves.

Beaucoup de gens croient que les yeux sont représentatifs des yeux ou « des yeux de Dieu ». Moussa Tine, à l'origine, peignait les yeux comme un talisman pour éloigner les mauvais esprits. Dans la culture sénégalaise, le contact visuel est quelque peu tabou.

Certains des dessins sur les cars sont là simplement pour égayer ou pour rendre les voitures plus belles, comme les pommes ou les oiseaux ou les dessins de blocs de couleur trouvés sur la zone du côté entourant «Transport en Commun» de manière symétrique.

Les dessins ont tendance à être symétriques uniquement à des fins esthétiques. Il y a généralement une conception florale de plante qui est censée rappeler la brousse africaine.

Souvent, vous verrez le logo Nike parfois associé à la phrase «Air Jordan». Ceci est censé représenter la forte influence du monde occidental ici au Sénégal. Dans les années 90 ; le succès de RAMBO et Cobra ont fait que les sticker de ceux ci étaient souvent sur les vitres.

L'islam joue un rôle très important dans la culture sénégalaise. Le phrasé tout en haut des cars indique à quelle confrérie appartient le propriétaire du car. Si "Touba" est écrit sur le dessus, cela signifie que le propriétaire est un Mouride.

On trouvera souvent des phrases comme «Yalla Yana» ou «Sope Naby», toutes deux en wolof louant la grandeur et la bonté de Dieu. En plus du dessin de 2 ananas de chaque côté du mot «Alhamdoulillah». Les ananas représentent la Casamance et la Guinée, où on en cultive beaucoup.

Et pour terminer, dans son livre “Monuments of the Black Atlantic: Slavery and Memory” Frances L et al. traduisent la présence du X sur la portière arrière comme étant un hommage rendu à Malcom X (Photo : Laye Pro)

Une autre chose est que l'intérieur du car est aménagé comme un salon. Contrairement aux autres moyens de transport public comme les Tata, Ndiaga Ndiaye où les passagers sont assis en rangées, dans le car les passagers sont assis face à face, ce qui favorise la convivialité.

Voilà, c’était la première partie sur l’histoire et l’identité du car rapide. Elle était longue, les infos ont du être triées et condensées. Dans la seconde partie, il s’agira de se pencher sur l’influence du car sur notre identité culturelle.

Merci 😊 l



Sources :



Ceci est l'archive de mon thread Twitter, faite par l'archiveur de threads de Share.


雨土 ー H O S N I

Creative Consultant | Pop Culture lover | Comics Writer | Creative Team Director | Culture Bite founder : on mord sur les idées reçues